Un propriétaire digne de ce nom

Les élèves de garde procédent depuis vendredi à une opération assez physique. J'en parle avec d'autant plus de connaissance que j'ai personnellement brouetté deux heures trente d'affilée samedi matin.

Le but du jeu est de ramasser les crottins abandonnés par les chevaux lors de leur passage dans cette patûre. Vu la taille de la pâture (quelques hectares), il y a du boulot et quelques centaines de kilos de crottin à ramasser :-(
En broutant, les chevaux ingurgitent des micro-organismes présents sur les herbes. Ces micro-organismes passent dans le crottin et s’y développent en masse. Une zone à crottins contient environ 15 fois plus de larves qu’une zone à pâturer saine. Le ramassage des crottins suivi d’un traitement phytosanitaire, puis d’un fauchage permet de garder une pâture saine. Chaque propriétaire digne de ce nom ramasse donc son crottin.

Tout l'intérêt de tout partager avec les élèves de la p18 trouve ici sa justification : je n'avais pas découvert cela avec la promotion 14.

Week-end ? Eh non !

« Etre de garde » à l’école de gardes à cheval, c’est synonyme d’être sur le pont, même le week-end. C’est le propre de l’école que de réellement former les élèves à ce qui les attendra quand ils intégreront la vie active : que l’on soit gendarme, policier ou garde forestier, on travaille aussi le week-end.
Depuis hier matin, les six élèves de garde, quoique ayant participé à la marche de jeudi, sont au travail alors que leurs camarades se reposent. Pas toujours facile d’aller nourrir, panser ou sortir les chevaux, pailler les boxes et balayer les cours quand on a les jambes empreintes des douleurs accumulées la veille !

In iliphit qui si priminit

In iliphit qui si priminit
Tit dicimint dins li firit
Pirtit sir si titi in pirriquit
Qui s’ippilit Kiwiy
It qui bivit di lit.

Un uluphut quu su prumunut
Tut ducumunt duns lu furut
Purtut sur su tutu un purruquut
Quu s’uppulut Kuwu
Ut quu buvut du lit.

Et ainsi de suite (en changeant la voyelle), l'éléphant qui portait un perroquet sur sa tête déambula sur des sentiers, des chemins et des départementales, traversant villages, bois et forêts.
Merci à Thibault qui a joué le rôle d’un barde très enthousiaste et de nature à éviter toute baisse de moral à ceux qui l’accompagnait !

Trente kilomètres dans le Soissonnais que 29 élèves ont parfaitement parcourus. Certes quelques larmes et quelques douleurs ont émaillé le chemin, mais les sourires ont été nettement plus nombreux.

A Saint Pomp

Mercredi 8 septembre, c'est cours de topographie toute la journée.
– Une distance de 1570 mètres à mesurer depuis l'église de Clamecy, avec un azimuth de 207°, où arrivez-vous ? demande le professeur.
Silences. Sourires crispés. Les boussoles tournent, glissent en velouté sur le papier satiné de la carte topographique IGN 2611 Ouest au 1:25000 relative à Soissons.
Les questionnements, les interrogations, les explications tissent peu à peu un brouillard sonore aussi dense que les courbes de niveaux imprimées sur la carte.
Le professeur circule dans les rangées.
– Alors, vous arrivez où ? questionne t'il en s'approchant de la dernière table de la classe.
– A Saint Pomp, Monsieur !
– Pardon ? répond le professeur interloqué.
– A Saint Pomp ! indique un élève en pointant son doigt sur la carte.
Le professeur sourit : Saint Pomp ?
Les élèves acquiescent.

"St Pomp." écrit en bleu sur une carte de l'IGN indique une station de pompage.
Les trois élèves l'ignoraient :-))




Ah oui, il pleuvait en Picardie ce mercredi ... :-(
Qu'importe la pluie puisque le soleil reste sur les visages !!!

Sentiment nouveau

Jusqu’à ce jour, mes photos et mes textes ont été édités dans des tas de revues et de journaux, grand public comme professionnels, dans diverses langues et en divers pays. Je ne me rappelle plus l’impression (la joie ? la fierté ?) que m’a fait ma première publication. Peut-être était ce dans un fanzine estudiantin en 1978, ou alors encore plus ancien dans le journal du lycée, peut-être …
J’ai oublié.
J’ai quelques souvenirs d’avoir ressenti de la fierté pour ma première publication en tant que rédacteur en chef en 1993, pour mes premières photos publiées au Japon en 2009, ou pour telle ou telle publication dans une revue de renom.
Depuis quelques jours, j’ai en main mes premiers livres, résultat d’un travail très long. Jamais un travail édité ne m’avait demandé autant de temps, d’investissement ! Quelques articles avaient déjà par le passé nécessité 10 ou 25 heures de travail. Mais là, c’est dans un premier temps près de 700 heures de travail en 2008-2009, puis 450 heures en 2010. Ce n’est donc plus en heures ou en jours de travail qu’il faut parler mais en trimestres !
Un livre, ce n’est plus un journal, un magazine, une revue ... Ça a sa place sur un bureau, dans une bibliothèque, sur une table de chevet ... Sa présence est tout autre.

Depuis ce matin, mon travail sur la p14 est officiellement en vente tant sur le net que chez les libraires. J’ai ainsi l’impression d’avoir changé de dimension, d’avoir passé un seuil, de n'être plus tout à fait le même.
Sentiment d'autant plus particulier que depuis deux jours, j'éprouve aussi la sensation d'avoir retrouvé mes 18 ans, quand j'avais intégré une école militaire.
Je me suis ainsi surpris hier à poser des questions en cours de soins équins ... comme les autres élèves :-)



Je suis donc depuis deux jours, comme les 33 élèves : à écouter les cours, prendre des notes, participer aux travaux. Moi qui croyais connaître ce que proposait cette école, je me rends compte que le vivre intégralement tout en faisant mon travail d'auteur est une aventure encore plus hasardeuse ... mais ô combien passionnante.
Je dois alors aimer les aventures. Car je suis comme les élèves : avec un grand sourire dans le regard.

Néanmoins, pour baisser la pression, je suis allé hier matin photographier une dernière fois les chevaux en pâture.
Visiblement, ils ne stressent pas, eux, de reprendre patrouilles et formation !

Je rentre, tu rentres aussi

Lundi 6 septembre. Les élèves sont rentrés. Un peu tendus pour certains, mais avec le sourire pour tout le monde.
Les chevaux aussi sont rentrés. Adieu les vertes pâtures ! Les élèves les ont tous reconduits vers leurs boxes respectifs.

Jour J

Lundi 6 septembre 2010. Début d'une nouvelle vie pour 33 élèves. Premiers mots et premiers échanges depuis quelques jours. Mais maintenant, ça y est, on est dans le vif du sujet. Pour 31 filles et 2 garçons, c'est le début de sept mois et demi à la fin desquels, s'ils y mettent un peu du leur, ils entameront une carrière professionnelle dans la police montée, la gendarmerie ou l'environnement.
Pour moi aussi, ça y est ! Je suis dans le vif du sujet. Un peu (beaucoup) tendu tout de même. Je retourne sur une chaise d'école pour tenter avec ma plume de rendre l'âme de cette formation ... Rendez-vous le 4 octobre 2011 pour savoir si j'ai réussi.

Les vacances sont donc finies. Un petit album à cette page pour parler en photos des jours qui ont précédé cette rentrée.

Un kilomètre à pied, ça use, ça use …

Un des moments forts de la rentrée à l’école, ce sont les marches. Dont la première, jeudi 9 septembre, sur une distance de trente kilomètres dans la campagne soissonnaise. Pas qu’une simple marche d’ailleurs puisque les élèves doivent tracer leur chemin à partir d’une carte d’état-major et la parcourir dans un temps imparti.
A nouveau, j’ai choisi de marcher aux côtés des élèves, toujours avec mon appareil photo et mon stylo. Pour mieux les connaître, pour mieux saisir leur ressenti : peu de jeunes de 20 ans ont déjà à leur actif une marche de 30 km. Pour certains l’exercice est même ardu : ils n’ont jamais parcouru plus de cinq kilomètres !
Comme l’a écrit le bouddhiste chinois du 7ème siècle, Houeï Neng :
« Le vrai miracle n'est pas de marcher sur les eaux ni de voler dans les airs : il est de marcher sur la terre. »

Un kilomètre à pied, ça use, ça use …
Un kilomètre à pied, ça use, ça use …

Nouvelles technologies

Ma passion pour l’écriture a débuté à une époque où l’ordinateur n’existait pas, du moins n’était-il pas accessible comme aujourd’hui, et surtout ne servait-il pas dans les rédactions et chez les écrivains.
Ma passion pour la photo est venue au siècle dernier quand il n’y avait ni numérique ni même autofocus. Puis sont apparus l’ordinateur (qui a révolutionné la saisie des textes et la mise en page), l’informatique en photographie (mise au point automatique, capteur numérique, logiciel de traitement de l’image, etc) et le dictaphone (qui a renvoyé le stylo aux oubliettes du temps). Des passages par lesquels, j’ai été –de gré ou de force– obligé de passer. Puis est né l'e-book. Mon premier article sur cet appareil date de 1999, dans une revue professionnelle. Cela me semble une éternité !
A l’époque, j’étais dubitatif. Pour moi, un livre, c’est un livre, ça a une âme, une présence, une odeur … et c’est en papier. Et aujourd’hui auteur, je le suis toujours ... dubitatif. Je conçois l’utilité éventuelle de l'e-book pour des ouvrages techniques, manuels scolaires, modes d’emploi, dictionnaires, … mais pour des livres culturels ou des livres d’art, je ne souscris toujours pas à l’idée.
Pourtant, pour le dernier ouvrage que j’ai réalisé –un ouvrage purement photographique puisqu’il contient 4 pages de textes pour 112 photos– j’ai sauté le pas. Mon ouvrage est disponible sur iPhone, iPad et sous Android. Qui plus est gratuitement. C’est une société française, NewPress, qui a réalisé cela, grâce à un développement informatique réalisé en amont par une société américaine, NxtBook Media.
L'Ecole de Gardes à Cheval de Soissons devient donc le premier établissement d'enseignement français à disposer d'un ouvrage la concernant disponible gracieusement sur ces supports. Et à priori, c'est aussi le premier livre de photos disponible de cette façon en France. :-)

Donc si vous disposez d’un ordinateur relié au Net, d’un iPhone, d’un iPad ou d’un GSM fonctionnant sous Androïd, vous pouvez visionner le livre relatif à la 14ème promotion de l’Ecole de Gardes de Soissons.
C'est ici.

Néanmoins –parce qu’il faut bien que je gagne un peu de quoi manger–, je ne peux que vous recommander d’acheter l’ouvrage imprimé ! ;-)



Pour ceux qui veulent voir ce que ça peut donner sur iPad, une vidéo de démonstration ici (en anglais). Le système n’est pas accessible sous Smartphone (l’application n’est pas développée).

Studieux

Dans le cadre de mon ouvrage, j’ai décidé de passer le concours que passent les élèves lors de leur présence à l’école : le concours de gardien de police municipale.
Quel intérêt ? Eh bien comme je ne peux pas obtenir l’autorisation de photographier en salle d’examen ou d’y être présent à titre de spectateur, j’ai choisi de m’inscrire et de passer le concours afin de mieux ressentir l’ambiance qu’il y a lors de cet examen où se sont présentés (en 2008) 2510 personnes pour 241 places à l’issue des épreuves orales. Mieux que les comptes-rendus des élèves en sortie de salle d’examen, je pourrai ainsi prendre des notes sur l’ambiance qu’il y a ! Par chance, il n’y a pas de limite d’âge dans la fonction publique. :-)
Comme je veux aussi saisir l’athmosphère qu’il y a lors des épreuves orales, il faut évidemment que je réussisse les épreuves écrites. Aïe ! Mon dernier examen remonte à 1983 …
Pour mettre le maximum de chances de mon côté, j’ai donc acheté les annales des dernières années.
Bon, eh bien maintenant, y’a plus qu’à s’y mettre !
Pas toujours facile le métier d'auteur :-(

Pré-rentrée 4 étoiles

Jeudi 1er septembre, 09h55. L'homme est accueillant et attentionné.
– Alors voilà votre douche, votre lavabo, votre wc.
Il fait demi-tour et poursuit :
– Le frigo. Il a été contrôlé, vérifié.
Le geste accompagne les mots :
– Placard, ... Placard, ... Vos plaques électriques. Normalement elles ont été contrôlées. Si il y a quelque chose, n'hésitez pas ! Venez demander : on remplacera ! ... On prête même la télé en cas de. Faites attention au bon branchement parce que s'il y a du brouilard, c'est que vous êtes branchée sur la radio.
Une petite reprise de respiration, et c'est reparti pour la suite de la présentation :
– Votre micro-ondes, votre poubelle ... Tiens normalement, elle est là-bas ! ... Bon. ... Draps, couette, couette ! Les draps, on vous les donne propres, vous pouvez les rendre sales !
Après avoir détaillé toute la pièce et son contenu, l'homme conclut :
– L'état des lieux reste ouvert pendant 15 jours !
Suffisamment rare pour être souligné.

Ainsi a été accueillie Ludivine hier matin par le directeur du logis Jeunes de Soissons, un logement dans le lequel elle va passer sept mois. Un accueil quatre étoiles .
Ludivine adore cuisiner. Aussi est-elle venue avec force casseroles, poëles et plats.
– Vous savez, c'est prenant la formation ! Le temps libre n'est pas énorme ! lui explique le directeur.

Bon, eh bien après cet accueil aux petits oignons, il ne reste plus qu'à aménager ... J-4 !

Cycle de la vie

Dans un an exactement ce blog se terminera. A sa place, un livre papier verra le jour. L’aventure sera terminée. Une aventure ? Oui. Parce que vivre et partager le quotidien d’une trentaine d’élèves dix heures par jour, six jours par semaine, trente semaines d’affilée tout en prenant des notes, photographiant, mettant à jour ce blog quotidiennement, en ayant parallèlement d'autres activités photographiques en sport automobile, puis en rendant ensuite visite aux élèves de l’école en place dans toutes les PM et gendarmeries de France, c’est assez aventureux. Si la feuille de route est simple, la réussir sera tout autre.

Dans un an exactement, je sais déjà que j’aurai plaisir à fêter à plusieurs élèves leur première année de travail. En effet, Fanny de la p15, Laura de la p16 et Daniel de la p17 débutent aujourd’hui une nouvelle vie dans les polices municipales de Sens, Saumur et Chevilly-Larue. Tandis que Gaétan et Charlotte (de la p14) fêtent aujourd’hui leur première année à la brigade équestre de Cormeilles en Parisis, tout comme Elodie (aussi de la p14) à Orléans. Quant à Stacha (aussi issue de la p14), elle débute à Vendôme un nouveau contrat en police municipale.
Ainsi roule la vie.

Garde-à-vous (2)

Mon propos du 24 août m’a valu une remarque d’une habituée des lieux : « Mais tout est au garde-à-vous ici : les poteaux des clôtures, les boxes, les lampadaires, … ! »
L’œil collé à mon appareil, je dois être aveugle puisque si j’avais par le passé noté quelques alignements, je n’avais pas fait le rapport avec le garde-à-vous imposé aux élèves lors des appels de début de matinée et d’après-midi.
Dans les alignements peu habituels, j’ai noté celui-ci sur le faîte d’un toit.
Oui, les passages nuageux sont assez fréquents sur la Picardie depuis cinq jours ...

Photographie

"Quelle est donc la fonction de la photo ? Multiforme et toujours au dernier moment indéfinissable. Être encadrée, collée dans des albums, glissée dans un portefeuille, regardée, aimée, baisée ? Tout cela sans doute (…) Elle commence à la présence morale ; elle va jusqu’à l’envoûtement et la présence spirite. Entre ces deux pôles, la photo est amulette, fétiche. Fétiche donc, souvenir, présence muette, la photo se substitue ou fait concurrence aux reliques, fleurs fanées, mouchoirs précieusement conservés, mèches de cheveux, menus objets, bibelots, tour Eiffel et place Saint Marc miniatures."
Edgar Morin, le Cinéma ou l’Homme imaginaire (Essai d'anthropologie. 1956)

Photographe, je me pose souvent cette question : « A quoi servent mes photos ? »
J’ai écrit en décembre dernier : « J’espère que mes photos sont parfois fêlées pour laisser passer un peu de lumière dans la vie de celles et ceux qui les regardent ».
Aussi, pour distiller un peu plus de lumière (et tenter d’écarter les vents malins qui couvrent de pluie un peu trop souvent l’école cette semaine), j’ai créé une petite page pour partager quelques autres photos réalisées à l’occasion de ce long travail. Pour laisser passer un peu plus de lumière dans la vie de ceux qui suivent ce blog !
Et c’est ici. Cinq albums sont déjà en ligne, dont : "Paxos de l'Escaut", "Le temps des moissons", "Chevaux en pâture" et "L'école fin août 2010".
De nouveaux albums seront réalisés au fur et à mesure du déroulement de la formation des élèves de la p18 et annoncés sur ce blog.

Je suis prêt, tu es prêt ... elle est prête !

Eh oui, à huit jours de la rentrée, de nombreux élèves ont déjà procédé aux derniers achats et bouclé leurs sacs. Certains sont déjà dans les starting-blocks pour s'installer dans quelques jours dans le logement qu’ils occuperont en Soissonnais le temps de leur présence à l’école.
Même la salle de classe est elle aussi sur son trente et un, prête à recevoir un peu plus de trois dizaines de nouveaux pensionnaires !