Patrouille rurale

Patrouille rurale

lundi 11 octobre 2010

Embedded

Embedded, ce terme anglais de plus en plus usité dans le milieu journalistique désigne un reporter embarqué au sein d'une unité militaire en action sur un conflit. "Embarqué" signifiant bien souvent "sous contrôle".
La question inverse est cependant beaucoup moins présente : "De quelle manière un journaliste ne modifie t'il pas le cours des choses qu'il est censé couvrir ?"

Une question à laquelle je réfléchis souvent. Il n’y a certes pas mieux que vivre les choses pour en comprendre le sens, mais le simple fait de les vivre modifie le comportement de ceux avec lesquels je vis. J’ai notamment en mémoire un capitaine de bateau qui a dû sacrifier une partie de sa pêche pour m’éviter de tomber à la mer. Quand on connaît la difficulté du métier et le niveau des revenus des marins pêcheurs, la perte d’une partie de la pêche est souvent vécue comme un drame.
Depuis la semaine dernière, ma seule présence au sein de l’école ("Suis-je ou non une taupe ?") a entraîné des heurts entre élèves et des remontrances de la part du directeur. Alors que celui-ci s’évertue à créer de la cohésion, voilà que je crée de la dispersion ! Certes, c’est indépendant de ma volonté –comme l’exemple du bateau de pêche– mais le résultat est bien concret. Et fort gênant pour moi.

On accuse souvent les journalistes d’agir masqués. Dans l’absolu, la déontologie nous impose de ne jamais agir masqués. En pratique, c’est bien souvent impossible pour pas mal de travaux. Et à l'image de Florence Aubenas dans « Quai de Ouistreham », il n’y pas franchement beaucoup d’alternatives.

A l’entame de la sixième semaine de cours à l’école, j’avoue être assez dubitatif. J’ai d’abord été touché par les propos me concernant. Je suis maintenant conscient que je modifie le cours des choses. Le tout me tracasse énormément.

4 commentaires:

  1. Non mr Birrer il ne faut pas. Votre regard est imortant pour cette promotion P18 meme si certaines ou certains ne le savent pas encore.

    RépondreSupprimer
  2. Il ne faut pas que je me tracasse, c'est cela ?
    :-)
    Je suis de ceux qui pensent qu'un travail n'est jamais vraiment parfait, qu'il ne faut pas se complaire dans la facilité parce que c'est comme cela que l'on sombre dans la médiocrité. Donc oui, je me tracasse beaucoup pour ces petits riens qui engendrent parfois de grosses crises.

    RépondreSupprimer
  3. je vous comprend bien sur mais vous ne pouvez pensez que la réflexion d'une personne est le reflet de tout ce que pense les autres. (je suis la maman d'une des élève mais pour ne pas la gêner,je ne souhaite pas dire de laquelle,j' es père que vous me comprendrez!)

    en tout cas bravo pour vous photos mais surtout pour vos commentaires et votre "oeil" différent du leur, sur l'école et les élèves que je trouve fort intéressant. Ne baissez pas les bras votre livre sera ,je n'en doute pas, très bien et un "moteur" pour les suivants. Bon courage. Cordialement.

    RépondreSupprimer
  4. Baissez les bras, moi ? ...
    Ouh là là, ça n'est pas dans mon registre ! Je suis très entêté, même pire :-)
    Ayant un caractère de chameau, je sais traverser les déserts. Et ne serait-ce que pour une seule élève, je poursuivrai mon chemin jusqu'au bout. Comme il y a plusieurs élèves qui le méritent, j'ai donc plusieurs étoiles pour me guider jusqu'au terme de mon travail !

    Quant à l'anonymat, évidemment que je le comprends ;-)

    RépondreSupprimer