Ce billet aurait tout simplement pu s’intituler "Photo du jour" puisque c’est la photo ci-dessous qui m’a plu et qui m’a poussé à la présenter telle quelle.
Elle a été prise ce matin durant le cours destiné à préparer les élèves au concours de policier municipal qui se tiendra en janvier 2011 et auquel 31 élèves se sont inscrits.
En fin de matinée, la professeure a donné aux élèves un sujet de français, en l’occurrence celui du concours externe de gardien de police municipale de janvier 2003. Il s’agit d’un texte de Philippe Meyer, chroniqueur sur France Inter. C’est de ce texte que j’ai tiré l’expression "en mon for intérieur".
Comme ce texte m’a plu, je l’ai placé après la photo. Quoique datant de 1990, il me semble toujours d’actualité et en fera sûrement sourire beaucoup d'entre vous qui se sont trouvés dans la même situation ! :-)
Ce qui m’a par contre beaucoup moins plu (et, en mon for intérieur, très vexé), c’est que j’ai passé cette épreuve avec les élèves et que je n’ai obtenu qu’un très modeste 13,25/20. :-(
Certes, j'ai mis 15 minutes pour rendre ma copie (alors qu'une heure était impartie), mais quand même, je suis arrivé à faire deux contresens :-(
"Heureux habitants de l’Aude et des autres départements français, à l’annonce par Monsieur Quilès, ministre des Postes et Télécommunications, de la mécanisation des bureaux de poste, je suis sûr que nous avons partagé la même joie. Comme nous le savons tous, la machine offre de nombreux avantages sur l’homme : elle réduit le coût du travail, elle est disponible vingt-quatre heures par jour et elle diminue l’attente. D’ici peu, les vénérables officines des PTT de notre enfance – en tout cas de la mienne – seront peuplées de robots qui distribueront les timbres, affranchiront lettres et colis, délivreront des enveloppes rembourrées et des cartons à paquet. Grande était mon impatience de jouir de ces merveilles lorsque je m’avisai qu’elles existaient déjà dans certains bureaux de poste. Je courus à l’un d’entre eux. Les robots étaient là, à l’alignement, attendant de satisfaire les désirs des usagers.
J’optai d’abord pour l’achat d’un carnet de dix timbres à 2,30 francs. Disposant de cinq pièces de 10 francs, deux vieilles et trois neuves, prélevées sur mon maigre cachet, je m’apprêtais à en mettre trois dans la machine ad hoc. Pas de chance, une affichette manuscrite indiquait que le robot se refusait à avaler les nouvelles pièces de 10 francs. Peu importe, s’exclama mon for intérieur, allons au robot qui change la monnaie. Nous y allâmes. Mais cette machine-là ne concevait de se mettre dans la fente que des pièces de 5 francs. Sauf certains jours – comme hier – où le changeur de monnaie est surmonté d’un voyant rouge qui indique que l’appareil est vide.
Mon naturel n’est pas obstiné : si l’on ne peut pas nous fournir en timbre, dis-je à mon for intérieur, achetons-nous toujours une enveloppe rembourrée ou un carton à paquet ; il y a justement là un robot articulé qui en délivre neuf sortes, de 2 à 6,50 francs. Le tout est de savoir s’il faut lui faire l’offrande d’une pièce de 10 francs ancienne ou nouvelle. Ni l’une ni l’autre. L’appareil ne se nourrit que de pièces de 10, 20 ou 50 centimes, ou de 1, 2 et 5 francs.
Bon, commenta mon for intérieur, après tout, c’est carême, et tu n’as pas un besoin impérieux d’enveloppes rembourrées ou de carton à paquet. Va plutôt porter sur la machine automatique à affranchir cette enveloppe kraft rangée dans ton cartable et qui contient quelques documents que t’a très poliment demandés la Sécurité sociale. Je veux bien, ô mon for intérieur ! mais qui sait quelle sorte de pièce de 10 francs accepte cette noble machine. Les deux, indiquait une étiquette placée juste au-dessus d’une inscription bleu-vert où était écrit en cristaux liquides : « La machine ne rend plus la monnaie. » « Quand je vais raconter ça à mes auditeurs, murmuré-je à mon for intérieur, ils n’en croiront pas un mot. » […] Quand nous revîmes avec l’appoint le plus précisément exact, la machine à affranchir émettait un couinement électrique continu, et son écran s’était bloqué sur la somme de 6,25 francs, tandis que la fente à pièces s’était refermée pour une durée non prévisible.
Nous remarquâmes alors deux indications que nous n’avions pas vues. Premièrement, que la machine n’accepte pas, jamais, même quand elle est malade, les pièces de 20 centimes. Deuxièmement, qu’en cas de problème on n’avait qu’à s’adresser au guichet 14. Et qu’avons-nous trouvé derrière le guichet 14 ? Une autre machine ? Pas du tout. M. Quilès en personne, nous accueillant avec tendresse ? Pas davantage. Derrière le guichet 14, bien protégée par une vitre que je suppose pare-balles, tout simplement, nous avons trouvé une chaise ergonomique à roulettes avec personne assis dessus.
Je vous souhaite le bonjour !"
Philippe Meyer. Ça n’est pas pour me vanter @ Le Seuil. 1990
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