Patrouille rurale

Patrouille rurale

vendredi 31 décembre 2010

Fin et début

Voilà donc le rideau qui va tomber dans quelques heures sur l’année 2010. Une époque de l’année où il est de tradition de faire le bilan.
Alors que dois-je retenir de ces 17 semaines écoulées depuis le 6 septembre ? Des semaines bien pleines puisque j’ai consacré à cet instant 1193 heures à l’école (hors déplacements), soit un peu plus de 10 heures par jour, samedis et dimanches compris. Sur ces 117 jours, il n’y a que trois jours où je ne sois pas passé par l’école ! De toutes ces heures, hormis plus de 200 pages de notes, j’ai aussi gardé 9388 photos. Devant cette avalanche de chiffres, comment résumer ?
Peut-être déjà en une photo. Celle-là, ces lettres –celles de mon prénom– tracées dans la neige par Morgane le 23 décembre et suivies par un cœur.



Si les élèves me disent merci de cette façon, qu’ils soient assurés que je leur dis tout autant merci. Quelle que soit la manière dont je leur rendrai mon travail final (livre, album, roman, …), je n’aurai jamais assez de mots pour décrire les instants passés avec eux ! :-)
Si eux apprennent énormément dans cette école de la vie, qu’ils sachent que moi aussi j’ai énormément appris et découvert. De ces quatre mois, je retiens ainsi une grande leçon de vie, notamment que parfois les plus grands bonheurs ne peuvent être partagés. :-(

Enfin, en ayant totalement endossé l’habit d’élève, j’ai découvert une école qui dévoile les caractères, révèle les faiblesses et les forces cachées en chacun. Rien n’est facile, rien n’est simple, rien n’est parfait, mais cette école mène vraiment quelque part ! C’est dommage que quelques élèves ne l’aient pas encore compris et se focalisent sur leurs petits soucis.

La fin d’une année, c’est aussi l’avénement d’une nouvelle. Là encore, il est de bon ton de prendre de (bonnes) résolutions. J’avoue ne pas en avoir :-(
Le directeur dit souvent aux élèves : « Quand on n’a pas tout donné, on n’a rien donné ! ». Au risque de paraître prétentieux, il me semble que j’ai tout donné. Aussi je continuerai sur le même chemin. En essayant au cours des quatre prochains mois de toujours être présent auprès des élèves pour soutenir, accompagner, aider, conseiller, aimer et … photographier ;-)

La fin de l'année, c'est enfin la tradition des voeux. Les miens seront brefs : Tentez d'exister plutôt que vivre, sachez provoquer plutôt qu'espérer ! Si vous appliquez cela en 2011, alors la réussite et, en corrélation, une petite tranche de bonheur seront au rendez-vous !

Une semaine en images (8)

Ouh là là, le temps passe à une vitesse démoniaquement fulgurante !!!
Voici donc déjà un album photos qu’il faut classer dans le registre des souvenirs puisque c’est celui relatif à la huitième semaine passée par les élèves à l’école, du 25 au 31 octobre. Déjà deux mois. :-(
L’album se trouve à cette page.





jeudi 30 décembre 2010

Stotelé vagysté !

Passionné de photographie et très curieux de nature, je parcours le net et notamment les forums de photographie, regardant toujours d’un œil intéressé les concours organisés de ci, de là. Et là, surfant sur un forum lituanien, qu’elle ne fut pas ma surprise hier soir que de trouver une de mes photos en compétition dans un concours organisé par un fabricant d’appareils photo, Olympus. Mon cliché, certes, mais pas présenté par moi. :-(

Certes, je devrais être flatté qu’une de mes photos soit ainsi présentée dans un concours à l’autre bout de l’Europe, surtout pour illustrer le thème de l’hiver. Mais au final, c’est purement et simplement de vol qu’il s’agit ! Pas gêné, l’internaute avait d’ailleurs indiqué que sa photo avait été prise avec un Olympus e410 au 85 mm. On n'est plus à un mensonge près !
Le site est sérieux : la photo a été retirée dans la matinée et le profil du forumeur indélicat supprimé. Mais pour une trouvée, combien volées ?

Donc, je le répète :
Toutes les images de ce blog sont la propriété de l’auteur (c’est-à-dire moi !), sont soumises au droit d’auteur et sont soumises à l’accord des personnes photographiées (c’est-à-dire les élèves !). C’est clair, non ?

Et comme visiblement un petit malin lituanien a parcouru ces pages, alors je lui dit aussi que :
Visi šio dienorašcio vaizdai autoriaus nuosavybe (Tai yra mane !), yra taikomos autoriu teises ir jiems taikomas šios fotografuotas sutikimo (Tai yra studentai !). Aišku, tiesa?

Ah oui, la photo en question ? Prise le 1 décembre avec un Canon 300 mm f4.
Sachant que l’élève photographiée était transie de froid, je trouve sympa de prendre cette photo pour illustrer l’hiver. Du coup, si demain je devais faire une exposition avec cette photo, je la nommerai « Charme hivernal ».
Eh oui ! Un clin d’œil en quelque sorte ;-)



Sinon, Stotelé vagysté !, cela signifie Halte au vol !
Pour ceux qui s’intéressent un peu à la photo, j’indique qu’il est malheureusement courant de se voir voler ses photos. Témoin, ce sujet sur un forum français.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que je dois faire la police pour ce type d’exactions :-(

mercredi 29 décembre 2010

Travaux de neige

Voilà une douzaine de jours que la neige a profondément modifié les travaux des élèves de garde. Il a fallu déneiger en balayant, brossant, déblayant, dégageant, enlevant, grattant, pelletant, poussant ou raclant, ... le tout en images.
Souvent en souriant, parfois en grimaçant ... parce que trop, c’est trop !

Un album de 29 photos pour retracer 13 jours de travaux hivernaux se trouve à cette page.
Attention, ça peut être long à charger ...





Petits chevaux

La neige est assurément un terrain de jeu agréable pour un photographe. Je regrette cependant que mes deux élèves modèles soient en vacances à cet instant ! :-(
Alors j’ai fouillé dans les jeux de mes enfants pour pouvoir quand même utiliser une telle opportunité graphique. :-)





Quiétude

Cela aurait pu aussi s'intituler "Photo du jour" ... Je trouve qu'il y a beaucoup de quiétude dans cette image prise en fin d'après-midi le mardi.

lundi 27 décembre 2010

Tracteur

Aujourd’hui, il n’y aurait pas dû avoir de billet sur ce blog. J’avais en effet décidé de faire totalement relâche avec l’école, la première fois depuis la rentrée du 6 septembre. Relâche partielle toutefois puisque je suis allé à la prise de garde de 08h00 à 09h00.
Le petit dieu malicieux en a décidé autrement ... Je me suis donc retrouvé toute l’après-midi au volant du tracteur pour quelques travaux de déneigement. Et donc quelques photos. A toute chose malheur est bon !







Et quoique les travaux demeurent physiques, la neige reste toujours un moment de détente …

dimanche 26 décembre 2010

Donnant donnant ? Perdant !

Je sais que de futurs élèves de l'école suivent ce blog. Je pense que de prochains jeunes intéressés par l'école pourront aussi le parcourir. Aussi mon propos de ce soir s'adresse t'il à eux. J'espère qu'ils en retiendront le contenu, même si j'ai déjà comme un doute puisque certains élèves de la p18 n'ont pas vraiment retenu les phrases d'accueil prononcées par le directeur le lundi 6 septembre.

En début d’année, le directeur avait abordé le sujet des stages, des stages obligatoires dans le cadre de la formation. Il avait indiqué qu’il se chargerait de dénicher un stage aux élèves qui lui montreraient quelque chose, utilisant en conclusion de son sujet : « C’est donnant-donnant, vous me montrez ce que vous valez, je vous aide ! Dans le cas contraire, vous vous débrouillerez pour trouver votre stage ! »
Ce dimanche matin, pas même quatre mois après le début de la formation, en discutant avec les élèves de garde présents à l’école, il a cité 4, voire 5, élèves de la classe qui pouvaient se débrouiller seuls. « Vos camarades ne m’ont rien montré de positif, vous ne voulez pas que je me décarcasse pour eux, non ? ».
"Donnant-donnant" ? Dans le cas présent, c’est "perdant" assurément ! Mais ce que je ne comprends pas, c’est comment –quand on intègre volontairement une formation qualifiante de ce type– on ne met pas 100% de son potentiel en action ?

samedi 25 décembre 2010

Couleurs d’hiver

Pas de mots, simplement des photos.









Trop, c'est vraiment trop !

Trop de neige, c’est vraiment trop ! Jusqu’à avant-hier, les choses étaient plaisantes à l’école. Déneiger était une source de plaisirs et de détente plus qu’une tâche ingrate à accomplir. Mais le vent du nord, proche du blizzard, a totalement changé la donne jeudi, obligeant cette fois à suer fortement pour ne serait-ce que tracer une voie de passage. Quarante-huit heures après, il est toujours impossible d’utiliser le chemin habituel pour rejoindre les écuries du haut du fait de la hauteur de neige accumulée par le vent. Le chasse-neige de la commune de Cuffies s’est d’ailleurs avéré totalement insuffisant pour déblayer la neige sur le chemin communal. Donc rien n’a bougé.
Une neige qui a d’ailleurs fortement ralenti les élèves qui devaient rejoindre l’école mercredi soir pour prendre leur tour de garde le jeudi matin. Partie de la Sarthe en train, une élève est arrivée à Soissons avec 4h30 de retard sur son horaire habituel. Une autre élève partie de Seine-et-Marne, après s’être retrouvée bloquée plusieurs heures sur la Francilienne a finalement atteint Soissons à 04h30 du matin, soit 10 heures après être partie. Une autre élève partie de Valenciennes en milieu d’après-midi a atteint Soissons à 08h15 le jeudi matin, et ce après avoir galéré sur des routes trop enneigées, sur conseil de la gendarmerie, un chasse-neige départemental s’étant mis en travers sur la route principale ! Enfin, partie de Reims, une dernière élève est arrivée à Soissons 5 heures plus tard alors que le temps nécessaire habituel est proche des 45 minutes. Du coup, la neige, c’est peut-être beau en photo, c’est peut-être marrant en boule de neige et bonhomme de neige, mais là, trop, c’est trop !



Je m’étonne parfois de ce que j’arrive à passer en voiture dans la neige … Sinon, oui, c'est un chemin goudronné à cet endroit ... Faut juste savoir où il est ... :-(



Trop d’insouciance et de négligence, c’est vraiment trop ! Les élèves de garde du lundi au jeudi en ont fait l’amère expérience. Du fait d’engagements non tenus, de retard accumulés, d’absence de dernière minute la semaine précédente (cf. bilan d’une semaine), le directeur a convoqué les quatre élèves de garde en milieu de matinée le lundi. Et il leur a calmement expliqué que si une élève venait à manquer et à être en retard dans l’équipe de garde du vendredi, l’une des élèves présente ce lundi serait tirée au sort pour remplacer l’absente.
Consternation parmi les élèves qui avaient toutes projetées de passer le réveillon en famille, qui en Franche-Comté, qui à Toulouse, qui en Bretagne. Consternation et larmes aussi. Peut-on accepter d’être victime de l’indifférence et l’insouciance des autres ? "Non" ont spontanément pensé les élèves. "C’est injuste" ont alors répliqué les élèves au directeur.
"Certes, mais vous proposez quoi pour que la garde se fasse correctement ?" a rétorqué le directeur, invitant même une élève à s’asseoir à sa place de directeur en lui disant : "Voilà, vous êtes responsable d’une brigade, vous constatez un manque dans votre équipe. Comment le gérez-vous ?". Et là, … silence. "Donc en l’absence de contre proposition, on retient ma solution : si une de vos camarades est absente ou en retard vendredi matin, l’une d’entre vous sera tirée au sort ! Rompez !"
Certaines élèves ont alors focalisé sur ce sujet et ont mis la pression à leurs camarades en poste le vendredi matin de manière à ce qu’elles soient présentes dès le jeudi soir sur Soissons. Et c’est là que les conditions climatiques ont mis à mal les nerfs de quelques élèves qui se voyaient déjà tirées au sort pour rester pour la période du réveillon. Une élève s’est même tellement focalisée sur cette possibilité qu’elle a fini par se pourrir la vie quatre jours durant.
Au final, trop d’insouciance et de négligence ont fini par agacer sérieusement le directeur. La reprise en main c’est faite dans la douleur. Espérons que tout le monde aura compris la leçon !



Trop d’engagement, c’est vraiment trop ! C’est ce que je me dis depuis quelques jours. Une élève m’avait reproché il y a une quinzaine de jours d’avoir quitté mon rôle d’observateur. Je lui avais alors répondu: « Quand je vous aide pour les cours de soins équins ou d’alimentation, est-ce mon rôle? Non! Quand j'aide, j'écoute, je console, je motive, je pousse, je porte, est-ce mon rôle? Non! Quand j'aide aux travaux des élèves de garde, est-ce mon rôle? Non! Quand j'avance de l'argent à des élèves ou pour vos organisations, est-ce mon rôle? Non! Quand je vous préviens pour éviter des punitions, est-ce mon rôle? Non! »
Mais en acceptant d’être élève à la place d’un élève, pouvait-il vraiment en être autrement ? Surtout quand j’utilise comme formule pour me présenter : « Les mains doivent servir à bâtir des ponts qui relient les hommes et non à élever des murs qui les séparent ».
Sauf que là, depuis quelques jours, je pense que j’en fait vraiment beaucoup beaucoup trop … Je me suis personnellement attaché à suivre chaque élève de garde vendredi matin dans sa difficulté à rejoindre Soissons afin de rassurer ceux de la garde finissante qu'ils pourront bien partir en vacances, je suis soit allé les chercher à la gare pour qu’ils viennent travailler, soit allé les amener à la gare pour qu’ils partent en vacances, j'ai amené 50 gobelets et autant d'assiettes pour le déjeuner des élèves en salle de repos, j'ai sorti la voiture de la directrice d'une fâcheuse situation verglacée, j’ai collecté et dispatché des sujets de cours en lieu et place de délégués absents, j’ai acheté le pain au cas où le directeur serait bloqué par la neige, j’ai conduit le tracteur agricole que l’ouvrier ne sentait pas du tout en confiance sur la glace, j’ai continué à aider les élèves de garde le jour de Noël pour leur faciliter la tâche et leur permettre de bénéficier de quelques heures de repos dans l’après-midi du samedi, je m’occupe de solutionner quelques soucis sur l’auto d’une élève … Tout ça au nom des notions d’entraide, de générosité et partage qui ont toujours animé ma façon de penser depuis que j’ai 17 ans. D’ailleurs, j’ai toujours entendu mes parents dire « Tu en fais trop ! » … Les cours, le pain, le tracteur ou l’aide le jour de Noël était-ce cependant bien nécessaire ? Quoique je me dise que j’aurai été malheureux de ne pas le faire, je pense aussi parfois que là, trop c’est trop !

Merci Eugénie pour la photo : je n’avais encore jamais conduit de tracteur de ma vie :-)

vendredi 24 décembre 2010

Bérézina

Hier et aujourd'hui, il a neigé. Certes, il neige depuis plusieurs jours, mais cette fois, le vent s'en est mêlé, créant des congères dignes des plaines de l'Alaska. Certaines de ces congères ont allégrement dépassé le mètre de hauteur, condamnant le chemin qui mène au parking, mais aussi bon nombre d'axes majeurs du département.
Il a donc fallu déblayer, il a fallu essayer de ne pas glisser, et ça n'a pas toujours été très simple !

Il a fallu pelleter dans le blizzard pour sortir les autos sur la route qui mène au parking :



Normalement, les chevaux empruntent cette descente pour aller en carrière ...



Normalement, devant ce grillage, il y a un chemin communal ...



L'accès visiteurs de l'école ce matin à 11h00 ...



L'entrée des bureaux cet après-midi ...



Vous avez dit glissant ? ... Il a fallu verser de l'eau chaude pour sortir de cette fâcheuse position !



Vous êtes sûr de vouloir passer ici en 4x4 ? ...

jeudi 23 décembre 2010

Bilan d’une semaine

Du 13 au 19 décembre, soit durant une semaine complète, j’ai occupé la place d’une élève dans une équipe dite "de garde". J’ai absolument tout fait et tout partagé : les travaux matinaux (nourriture des chevaux, paillage, pansage), les cours, les travaux de mi-journée, les activités de l’après-midi, les travaux du soir et les rondes de contrôle à 22h30. Une semaine particulière à plus d’un titre puisqu’elle comprenait en sus une marche de nuit de 18 km et le déchargement d’un camion de paille. Une semaine placée sous le signe du blanc durant laquelle il a fallu déneiger un nombre incalculable de fois les allées et dalles, jusqu’à finir par voir rouge quand le sol devenait à nouveau blanc ! Une semaine à deux vitesses puisqu’à partir du jeudi soir ne sont plus restés à l’école que les élèves dits "de garde" du fait des vacances.
Au final, quel regard je porte sur cette semaine ?

En premier lieu, c’est assurément depuis la rentrée de septembre la semaine la plus fatigante qu’ont eu à vivre les élèves de garde, la neige, le froid permanent et la marche de nuit ajoutant quelques peines d’importance. Fatigante certes, mais pas impossible à vivre, loin s’en faut. Même si je pourrais demain me reconvertir en cantonnier hivernal dans une station de sport d’hiver des Alpes du fait de l’abondance de neige qui a entraîné quelques travaux physiques, il est resté suffisamment de temps pour prendre le temps de vivre et de partager quelques discussions autour d’une boisson chaude !

Ensuite, ce que j’ai le plus retenu de cette semaine, c’est surtout l’attitude de certains élèves. Une attitude qui me fait écrire : « Mais parents, comment avez-vous éduqué vos enfants ? » ou « Mais instituteurs et professeurs, qu’avez-vous appris à vos primaires ou lycéens ? » … Où est le respect de la parole donnée ? Où est le souci du travail bien fait ? Où est la solidarité ?
En voyant agir certains élèves, je me demande bien dans quelle société nous allons vivre demain. Si je me doute bien ce que ne seront pas ces élèves qui nous gouverneront demain, je me dis que c’est probablement ces élèves qui nous verbaliseront.
Peut-être suis-je maintenant devenu un vieux râleur, mais pour moi refuser d’accomplir une tâche avant 17h00 au motif que la prise de service est à 17h00, ça me choque. Surtout quand à 17h30, on part en vacances …
Arriver sans se presser avec 40 minutes de retard sur une tranche de travail de deux heures, ça m’interpelle. Surtout quand on est au ralenti les 80 minutes restantes.
Refuser de panser un cheval au motif que l’on s’est un peu engueulé avec le camarade qui le monte, ça me scandalise. Parce que le cheval, il n’a rien demandé, lui ! Quant au locataire du cheval qui tourne le dos et s’en repart en laissant son cheval en l’état au motif qu’il n’est pas de service, ça me scotche tout autant.
Traîner des pieds quand il y a 40 jours à se donner à fond avec la quasi certitude d’un poste permettant d’être tranquille au moins les 15 ans de sa vie à venir, ça me stupéfie.
Mettre en avant ses problèmes personnels pour s’isoler dans un coin quand les petits copains bossent ou disparaître deux semaines quand on a donné six heures plus tôt sa parole d’être bien présent les trois jours à venir, ça me heurte !
Bon, j’arrête là parce que la liste est longue. Mais je repose ma question : « Parents qui me lisez, comment avez-vous éduqué vos enfants ? »

Enfin, et parce que je me refuse à terminer sur une note grise, je retiendrai de cette semaine que j’ai passé une semaine tout simplement merveilleuse, la plus belle semaine dans cette école depuis le 6 septembre. Non seulement parce que la neige c’est photographiquement beau, mais parce que j’ai profondément partagé avec certains élèves de grands moments de solidarité, de partage, de soutien et de confidence, de joyeux moments de plaisir, de joie et de fous rires, et que je crois même que le temps d’une visite des écuries à 22h30 avec une élève, je suis redevenu un enfant de cinq ans.
Je ne comprends pas pourquoi tous les élèves n’ont pas vécu la même semaine que moi. Le plaisir et le bonheur sont si éphémères qu’il est dommage de ne pas les voir et les saisir quand ils sont à nos pieds !







mercredi 22 décembre 2010

Le petit dieu malin

Photographe, j'ai toujours prôné la vison de Robert Doisneau : "La qualité du photographe doit être de savoir attendre le miracle (...) quand le petit dieu malin envoie la scène qu'on n'a pas attendue". Aujourd’hui auteur, je découvre que le petit dieu malin envoie aussi la situation que l’on n’a pas attendue.

Il y a quelques jours, un responsable dans une maison d’édition est tombé par le plus grand des hasards sur ce blog. Le billet qu’il a lu, daté du 14 septembre, l’a poussé à lire dans son intégralité ce blog. Soit la bagatelle de 158 billets. Et à 02h34 du matin, il m’a écrit, pensant avoir découvert l’énigme soulevée dans les billets des 5 et 6 décembre. Je dois avouer que je suis resté surpris que quelqu’un ait la patience de lire l’intégralité de ma prose et apprécie de regarder 246 photos d’un seul trait. Surpris et touché. Car je déplore souvent que les gens préfèrent râler pour dire ce qui ne va pas et oublient souvent de dire ce qui va bien. Aussi son message de félicitations ne pouvait pas me laisser insensible, d’autant que la veille les élèves m’avaient déjà laissé sans voix. Quoique je me doute qu’un éditeur doit tellement voir passer de manuscrits qu’il ne s’étonne plus de rien, le plus épatant pour moi reste que ce lecteur a découvert en quoi consistait l’énigme, et ce de façon assez précise ! :-o
Mais là où le petit dieu malin m’a encore plus estomaqué, c’est que l’histoire soulevée par cette énigme lui paraît digne d’en faire un roman.
Et là, eh bien, je reste à nouveau sans voix. Parce que le roman, c’est à moi de l’écrire. Et j’ai un an pour cela !

J'écrivais le 21 août 2010 que ce blog allait raconter la vie à l'école et le chemin qui conduira à la parution de "Une école, un cheval, un métier" à l'automne 2011. Mon partage avec ces élèves et les situations parfois particulières qui en ont découlé depuis trois mois me conduisent aujourd’hui sur de nouvelles voies. Moi qui ait toujours pensé qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre, pas d’âge pour se passionner, pas d’âge pour aimer et pas d’âge pour se dépasser, me voilà encore plus convaincu !
A quelques jours de Noël, je crois que l’homme en rouge a revêtu la tenue du petit dieu malin. :-)

Dédé

Depuis que je photographie à l'école de gardes à cheval de Cuffies, j'ai évidemment croisé des chevaux, mais aussi des araignées, un chat, des chevreuils, un crapaud, des faisans, des hirondelles, des lapins, des moineaux, des mulots, des souris, une taupe, deux tourterelles et ... Dédé.
Dédé, c'est le chien de la directrice. Dédé, c'est un peu un phénomène par sa bonne humeur et sa propension à jouer.
Cela méritait bien qu'il apparaisse ici en photos :-)



mardi 21 décembre 2010

Blanche grisaille

Certaines images valent plus qu'un long discours ...
Deux photos pour montrer ce qu'étaient les environs de l'école aujourd'hui. Entre ciel et terre, il n'y avait pas de vie ce matin, simplement une blanche grisaille uniforme.



lundi 20 décembre 2010

Parfois un peu noir

Un peu de blancheur dans ce monde parfois un peu noir …

Mansuétude ou médiocritude ?

Mercredi dernier, c’était une marche de nuit de 18 km au programme des élèves. Comme le matin, un contrôle en cours de topographie avait tourné au drame avec des notes catastrophiques, le directeur avait annoncé la couleur : « Vous êtes condamnés à avoir 20/20 afin de remonter ces notes de merde ! »
Bon, une marche à l’école des gardes, fut-elle de nuit, n’est quand même pas un exercice très difficile, d’autant que le parcours précis est donné à chaque élève afin qu’il le reporte sur sa carte, le professeur vérifiant que chaque élève a bien recopié le parcours. A partir de là, chaque élève –même de garde– disposait d’au moins 30 bonnes minutes pour regarder le parcours et le comprendre. Les élèves marchent par groupe de 5 ou 6, ce qui facilite la tâche puisque les compétences s’additionnent.
Il n’y avait aucune difficulté d’orientation majeure (ni même mineure d’ailleurs), aucun passage périlleux, ni aucun piège (du genre un chemin piétonnier non indiqué sur la carte mais pouvant, surtout de nuit, jeter le trouble sur le terrain). J’étais donc confiant à ce que tous les élèves reviennent avec un 20/20, même si le directeur avait annoncé la couleur avant le départ : « Toute erreur de parcours sera sanctionnée de 5 points en moins pour votre note et de 10 pompes sur le terrain, les pompes n’évitant pas les points en moins ! ». Il avait aussi ajouté que tout abandon entraînerait la note de 0/20 pour tout le groupe d’élèves auquel l’abandon était imputable. Une manière de motiver les élèves à ne pas laisser un camarade en difficulté.

Quoique je jugeais que les élèves devaient être super motivés à ne pas se tromper puiqu’ils avaient la nécessité absolue de corriger une note de contrôle catastrophique par une note maximum à la marche, je préférais prendre quelques précautions en expliquant à un élève dans chaque groupe les points éventuellement délicats, en donnant quelques conseils de marche (profiter des descentes pour gagner du temps par exemple), en leur demandant de jalonner leur parcours tous les 250 mètres afin de vérifier leur progression et leur horaire de marche, et en leur expliquant la nécessité de préparer à la boussole leur parcours.
J’avoue que j’outrepasse mon simple rôle d’observateur, mais d’une part je n’aurais pas agi différemment si j’avais été élève et d’autre part, j’avais vu que le directeur et le professeur avaient été peinés des notes du matin, et je souhaitais les voir retrouver le sourire avec les six groupes de marche notés 20/20.

Cinq heures après le départ, le verdict tombait et j’étais consterné : 20/20, 10/20, 05/20 et trois fois 0/20. Cherchez l’erreur ! Six groupes de marche et 19 erreurs de parcours, et des retards à l’arrivée frôlant parfois les 40 minutes (pour 4 heures de marche), un seul groupe n’ayant pas fait une seule erreur de parcours. Pire, j’avais très clairement expliqué le chemin à emprunter pour la première difficulté … et trois groupes sur six s’y sont trompés !!! Sans oublier que j’avais averti de la voix et par SMS un groupe qu’il se trompait de chemin, mais que les élèves ne marchant pas groupés, le demi-tour a pris quelques temps …

J’ai tenté de comprendre. Le directeur aussi d’ailleurs. Et là surprise ! Aucun élève n’a semble t’il utilisé sa boussole. Certains élèves n’ont visiblement pas regardé la carte, se contentant de suivre le premier … qui se plantait allégrement. Un élève a même annoncé avoir lu la carte à l’envers (!).
J’ai constaté avec effroi que certains élèves n’avaient ni suivi mes conseils, ni même tout simplement préparé la marche. Et quand le lendemain après-midi, le directeur a donné un cours de topo au tableau noir* dans lequel il retraçait un schéma qui reprenait mot pour mot ce que j’avais expliqué la veille au soir, j’ai eu la très triste impression qu’il parlait dans le vide … :-(

J’avoue ma consternation. Comment peut-on, quant on a eu un 03/20 ou 05/20, ne pas TOUT mettre en œuvre pour obtenir un 20/20 afin de remonter sa moyenne ? D’autant que la simple lecture de la carte permettait d’arriver sans se tromper !
Je rentrais donc chez moi assez dépité et catastrophé. Inquiet aussi. Parce que le seul groupe qui ne s’est pas du tout trompé … est le groupe avec lequel j’avais marché. Les 5 élèves de "mon" groupe sont bien placés pour savoir que je ne les ai jamais aidés en cartographie durant la marche. Je me suis contenté d’essayer de faire des photos (très difficile la nuit !) et de gérer la marche d’une élève asthmatique, de l’aider et l’accompagner lors des deux crises qu’elle a eu durant la marche. Je n’ai d’ailleurs jamais eu à jouer le rôle de la locomotive puisqu’une élève s’en est parfaitement chargée, me compliquant d’ailleurs la tâche à plusieurs reprises en refusant de lever un peu le pied quand l’élève asthmatique était en difficulté.
Pour être tout à fait honnête, mon seul conseil a été donné dans une bifurcation dans un village où il fallait se diriger vers un cimetière. Conseil qui a consisté à indiquer que sur le panneau au mur, il était justement indiqué "cimetière".
A l'arrivée, critiques et remarques n’ont pas tardé. Si le groupe qui ne s’est pas trompé ne s’est pas trompé, c’est justement parce que j’y étais et que j’ai fait le boulot ! Non seulement, certains élèves ne m’ont visiblement pas cru quand j’ai dit que ce n’était pas le cas, mais de surcroît, elles n’ont pas plus cru leurs camarades qui leur ont tenu le même discours.

Conclusion ? D’abord le professeur a rectifié, par mansuétude, les notes en annulant les pénalités. Ce qui fait que trois groupes ont obtenu 20/20.
Ensuite et par chance, 4 des 6 groupes ont bénéficié d'un gain de temps dû à une erreur du professeur qui a calculé le temps à réaliser sur la base de 19 km, soit 4h21, alors que la distance exacte est de 18 km, soit 4 heures. De ce fait, la plus mauvaise note est donc de 10,50/20.
Malgré cela, les réflexions sur ma présence dans le groupe non fautif ont fusé. Je me dis que j’aurai encore plus mal vécu l’après course si le résultat avait été celui obtenu sur le terrain ! Sanction pour moi : le directeur ne veut pas que la prochaine fois je marche avec les élèves. Bon, ça, ça n’est pas encore fait comme sanction ! ;-)
Revers de la médaille, est-ce que cette mansuétude favorise le dépassement de soi ? Je ne pense pas. Allez expliquer à des élèves qui se sont bougés pour réussir sans faute que dix de leurs camarades ont la note maximum tout en ayant fait une ou plusieurs erreurs ? Je ne suis pas sûr que la prochaine fois ils mettent autant d’ardeur à réussir … puisque même les mauvais réussissent. On est, avec cette mansuétude, pas loin de l’émission de Jacques Martin où tous les petits enfants obtiennent 20/20 même quand ils piaillent. :-(
Mansuétude, certes, mais n’introduit-elle pas parallèlement la notion de médiocritude ?

* En salle de classe, le tableau est blanc!



dimanche 19 décembre 2010

Quelque part dans le blanc

A l'école, la garde de ce dimanche a été placée sous un seul signe, celui du blanc. Il a en effet neigé, neigé et neigé ! A un point tel qu'il a fallu se résoudre à non plus déblayer tout, mais faire des tranchées pour pouvoir circuler.
Quant à la seule voiture utilisée pour amener les 4 élèves de service, elle a bien failli non seulement ne jamais pouvoir monter à l'école, mais aussi ne jamais en repartir ! Ce soir, le parking de l'école est d'ailleurs trois fois inutilisable. La première du fait de la couche de neige, proche de 25 cm, qui y interdit d'y stationner; la seconde du fait d'une route trop enneigée; et la troisième parce que le chasse-neige communal a placé une congère devant l'entrée de la route d'accès à l'école en déblayant la route départementale. Encore un conducteur de TP qui a bien réfléchi en travaillant !





samedi 18 décembre 2010

Impatience

Parallèlement à mon travail d’écriture, je prends des photos. Et chaque jour, au moins une de ces photos termine sur ce blog. Mais pour une de vue, des centaines sont au fond d’un disque dur.
Certains élèves sont pressés de les voir et ils me relancent régulièrement. Aujourd’hui, c’est le directeur qui s’impatiente de voir les photos de la marche et le texte afférent. « Ça tarde ! Photographe, t’es mauvais ! » m’a t’il dit cet après-midi. Certes, mais élèves comme directeur oublient une donnée essentielle ! C’est qu’une semaine comme celle-là où je vis la garde de 08h00 à 19h00 ne laisse que peu de possibilités de poster un billet. En effet, une fois de retour chez moi, je dois sauvegarder, puis trier mes photos, en sélectionner une et trouver l’inspiration, ce qui prend souvent largement plus d’une heure. Mais cette opération passe après la mise au propre de mes notes, ce qui me prend parfois jusqu’à deux heures. Accessoirement, un soir comme celui-ci où je monte à la garde de 22h30 pour la vérification de l’état des chevaux avant la nuit, me demande encore plus d’une heure à cause des conditions de route liées aux perturbations neigeuses. Au final, 19h00, soit 19h15 une fois rendu chez moi, plus quatre heures m’amène à 23h15. Comme j’ai une vie en dehors de l’école et qu’il faut bien prendre en compte quelques données essentielles (manger, se laver, dormir, faire les courses, …), j’ai déjà changé de jour. :-(
C’est donc un miracle si une semaine comme celle-ci une photo de la fin d’après-midi arrive à être postée dans les délais. … Parce que pour ce qui s’agit de la marche, il faudra encore attendre un peu. Voir un peu plus qu’un peu :-(

vendredi 17 décembre 2010

Grand nord cufficien

Il a neigé aujourd'hui sur les bâtiments de l'école uniquement occupés par les 5 élèves de garde. Enfin 4 élèves de garde, plus moi qui remplaçait une élève de garde absente jusqu'à la rentrée de janvier.
Il a neigé ce matin, il a neigé en fin de matinée et il a neigé dans l'après-midi. L'école a donc rapidement endossé des habits de Grand Nord.
En fin de soirée, une nouvelle et forte chute de neige a anéanti tout le déblaiement effectué par les élèves de garde dans la journée.
J'ai participé au contrôle des chevaux à 22h30 dans une couche de neige de 10 cm d'épaisseur. Un vrai bonheur !

Il neige en tout début de matinée à la prise de service ...





Il neige encore en début d'après-midi ...



Il faut re-re déblayer en fin d'après-midi ...



Il est 18h45, il re-re-re neige et là, on commence par ne plus savoir par quel bout prendre la chose ...