Patrouille rurale

Patrouille rurale

jeudi 23 décembre 2010

Bilan d’une semaine

Du 13 au 19 décembre, soit durant une semaine complète, j’ai occupé la place d’une élève dans une équipe dite "de garde". J’ai absolument tout fait et tout partagé : les travaux matinaux (nourriture des chevaux, paillage, pansage), les cours, les travaux de mi-journée, les activités de l’après-midi, les travaux du soir et les rondes de contrôle à 22h30. Une semaine particulière à plus d’un titre puisqu’elle comprenait en sus une marche de nuit de 18 km et le déchargement d’un camion de paille. Une semaine placée sous le signe du blanc durant laquelle il a fallu déneiger un nombre incalculable de fois les allées et dalles, jusqu’à finir par voir rouge quand le sol devenait à nouveau blanc ! Une semaine à deux vitesses puisqu’à partir du jeudi soir ne sont plus restés à l’école que les élèves dits "de garde" du fait des vacances.
Au final, quel regard je porte sur cette semaine ?

En premier lieu, c’est assurément depuis la rentrée de septembre la semaine la plus fatigante qu’ont eu à vivre les élèves de garde, la neige, le froid permanent et la marche de nuit ajoutant quelques peines d’importance. Fatigante certes, mais pas impossible à vivre, loin s’en faut. Même si je pourrais demain me reconvertir en cantonnier hivernal dans une station de sport d’hiver des Alpes du fait de l’abondance de neige qui a entraîné quelques travaux physiques, il est resté suffisamment de temps pour prendre le temps de vivre et de partager quelques discussions autour d’une boisson chaude !

Ensuite, ce que j’ai le plus retenu de cette semaine, c’est surtout l’attitude de certains élèves. Une attitude qui me fait écrire : « Mais parents, comment avez-vous éduqué vos enfants ? » ou « Mais instituteurs et professeurs, qu’avez-vous appris à vos primaires ou lycéens ? » … Où est le respect de la parole donnée ? Où est le souci du travail bien fait ? Où est la solidarité ?
En voyant agir certains élèves, je me demande bien dans quelle société nous allons vivre demain. Si je me doute bien ce que ne seront pas ces élèves qui nous gouverneront demain, je me dis que c’est probablement ces élèves qui nous verbaliseront.
Peut-être suis-je maintenant devenu un vieux râleur, mais pour moi refuser d’accomplir une tâche avant 17h00 au motif que la prise de service est à 17h00, ça me choque. Surtout quand à 17h30, on part en vacances …
Arriver sans se presser avec 40 minutes de retard sur une tranche de travail de deux heures, ça m’interpelle. Surtout quand on est au ralenti les 80 minutes restantes.
Refuser de panser un cheval au motif que l’on s’est un peu engueulé avec le camarade qui le monte, ça me scandalise. Parce que le cheval, il n’a rien demandé, lui ! Quant au locataire du cheval qui tourne le dos et s’en repart en laissant son cheval en l’état au motif qu’il n’est pas de service, ça me scotche tout autant.
Traîner des pieds quand il y a 40 jours à se donner à fond avec la quasi certitude d’un poste permettant d’être tranquille au moins les 15 ans de sa vie à venir, ça me stupéfie.
Mettre en avant ses problèmes personnels pour s’isoler dans un coin quand les petits copains bossent ou disparaître deux semaines quand on a donné six heures plus tôt sa parole d’être bien présent les trois jours à venir, ça me heurte !
Bon, j’arrête là parce que la liste est longue. Mais je repose ma question : « Parents qui me lisez, comment avez-vous éduqué vos enfants ? »

Enfin, et parce que je me refuse à terminer sur une note grise, je retiendrai de cette semaine que j’ai passé une semaine tout simplement merveilleuse, la plus belle semaine dans cette école depuis le 6 septembre. Non seulement parce que la neige c’est photographiquement beau, mais parce que j’ai profondément partagé avec certains élèves de grands moments de solidarité, de partage, de soutien et de confidence, de joyeux moments de plaisir, de joie et de fous rires, et que je crois même que le temps d’une visite des écuries à 22h30 avec une élève, je suis redevenu un enfant de cinq ans.
Je ne comprends pas pourquoi tous les élèves n’ont pas vécu la même semaine que moi. Le plaisir et le bonheur sont si éphémères qu’il est dommage de ne pas les voir et les saisir quand ils sont à nos pieds !







1 commentaire:

  1. Quelle semaine mouvementé!
    Malgrè quelque grise, et le froid, c'était cool on a bien rigolé!!
    La cause? la neige qui nous fait revenir en enfance!!

    Maïti

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