Patrouille rurale

Patrouille rurale

samedi 25 décembre 2010

Trop, c'est vraiment trop !

Trop de neige, c’est vraiment trop ! Jusqu’à avant-hier, les choses étaient plaisantes à l’école. Déneiger était une source de plaisirs et de détente plus qu’une tâche ingrate à accomplir. Mais le vent du nord, proche du blizzard, a totalement changé la donne jeudi, obligeant cette fois à suer fortement pour ne serait-ce que tracer une voie de passage. Quarante-huit heures après, il est toujours impossible d’utiliser le chemin habituel pour rejoindre les écuries du haut du fait de la hauteur de neige accumulée par le vent. Le chasse-neige de la commune de Cuffies s’est d’ailleurs avéré totalement insuffisant pour déblayer la neige sur le chemin communal. Donc rien n’a bougé.
Une neige qui a d’ailleurs fortement ralenti les élèves qui devaient rejoindre l’école mercredi soir pour prendre leur tour de garde le jeudi matin. Partie de la Sarthe en train, une élève est arrivée à Soissons avec 4h30 de retard sur son horaire habituel. Une autre élève partie de Seine-et-Marne, après s’être retrouvée bloquée plusieurs heures sur la Francilienne a finalement atteint Soissons à 04h30 du matin, soit 10 heures après être partie. Une autre élève partie de Valenciennes en milieu d’après-midi a atteint Soissons à 08h15 le jeudi matin, et ce après avoir galéré sur des routes trop enneigées, sur conseil de la gendarmerie, un chasse-neige départemental s’étant mis en travers sur la route principale ! Enfin, partie de Reims, une dernière élève est arrivée à Soissons 5 heures plus tard alors que le temps nécessaire habituel est proche des 45 minutes. Du coup, la neige, c’est peut-être beau en photo, c’est peut-être marrant en boule de neige et bonhomme de neige, mais là, trop, c’est trop !



Je m’étonne parfois de ce que j’arrive à passer en voiture dans la neige … Sinon, oui, c'est un chemin goudronné à cet endroit ... Faut juste savoir où il est ... :-(



Trop d’insouciance et de négligence, c’est vraiment trop ! Les élèves de garde du lundi au jeudi en ont fait l’amère expérience. Du fait d’engagements non tenus, de retard accumulés, d’absence de dernière minute la semaine précédente (cf. bilan d’une semaine), le directeur a convoqué les quatre élèves de garde en milieu de matinée le lundi. Et il leur a calmement expliqué que si une élève venait à manquer et à être en retard dans l’équipe de garde du vendredi, l’une des élèves présente ce lundi serait tirée au sort pour remplacer l’absente.
Consternation parmi les élèves qui avaient toutes projetées de passer le réveillon en famille, qui en Franche-Comté, qui à Toulouse, qui en Bretagne. Consternation et larmes aussi. Peut-on accepter d’être victime de l’indifférence et l’insouciance des autres ? "Non" ont spontanément pensé les élèves. "C’est injuste" ont alors répliqué les élèves au directeur.
"Certes, mais vous proposez quoi pour que la garde se fasse correctement ?" a rétorqué le directeur, invitant même une élève à s’asseoir à sa place de directeur en lui disant : "Voilà, vous êtes responsable d’une brigade, vous constatez un manque dans votre équipe. Comment le gérez-vous ?". Et là, … silence. "Donc en l’absence de contre proposition, on retient ma solution : si une de vos camarades est absente ou en retard vendredi matin, l’une d’entre vous sera tirée au sort ! Rompez !"
Certaines élèves ont alors focalisé sur ce sujet et ont mis la pression à leurs camarades en poste le vendredi matin de manière à ce qu’elles soient présentes dès le jeudi soir sur Soissons. Et c’est là que les conditions climatiques ont mis à mal les nerfs de quelques élèves qui se voyaient déjà tirées au sort pour rester pour la période du réveillon. Une élève s’est même tellement focalisée sur cette possibilité qu’elle a fini par se pourrir la vie quatre jours durant.
Au final, trop d’insouciance et de négligence ont fini par agacer sérieusement le directeur. La reprise en main c’est faite dans la douleur. Espérons que tout le monde aura compris la leçon !



Trop d’engagement, c’est vraiment trop ! C’est ce que je me dis depuis quelques jours. Une élève m’avait reproché il y a une quinzaine de jours d’avoir quitté mon rôle d’observateur. Je lui avais alors répondu: « Quand je vous aide pour les cours de soins équins ou d’alimentation, est-ce mon rôle? Non! Quand j'aide, j'écoute, je console, je motive, je pousse, je porte, est-ce mon rôle? Non! Quand j'aide aux travaux des élèves de garde, est-ce mon rôle? Non! Quand j'avance de l'argent à des élèves ou pour vos organisations, est-ce mon rôle? Non! Quand je vous préviens pour éviter des punitions, est-ce mon rôle? Non! »
Mais en acceptant d’être élève à la place d’un élève, pouvait-il vraiment en être autrement ? Surtout quand j’utilise comme formule pour me présenter : « Les mains doivent servir à bâtir des ponts qui relient les hommes et non à élever des murs qui les séparent ».
Sauf que là, depuis quelques jours, je pense que j’en fait vraiment beaucoup beaucoup trop … Je me suis personnellement attaché à suivre chaque élève de garde vendredi matin dans sa difficulté à rejoindre Soissons afin de rassurer ceux de la garde finissante qu'ils pourront bien partir en vacances, je suis soit allé les chercher à la gare pour qu’ils viennent travailler, soit allé les amener à la gare pour qu’ils partent en vacances, j'ai amené 50 gobelets et autant d'assiettes pour le déjeuner des élèves en salle de repos, j'ai sorti la voiture de la directrice d'une fâcheuse situation verglacée, j’ai collecté et dispatché des sujets de cours en lieu et place de délégués absents, j’ai acheté le pain au cas où le directeur serait bloqué par la neige, j’ai conduit le tracteur agricole que l’ouvrier ne sentait pas du tout en confiance sur la glace, j’ai continué à aider les élèves de garde le jour de Noël pour leur faciliter la tâche et leur permettre de bénéficier de quelques heures de repos dans l’après-midi du samedi, je m’occupe de solutionner quelques soucis sur l’auto d’une élève … Tout ça au nom des notions d’entraide, de générosité et partage qui ont toujours animé ma façon de penser depuis que j’ai 17 ans. D’ailleurs, j’ai toujours entendu mes parents dire « Tu en fais trop ! » … Les cours, le pain, le tracteur ou l’aide le jour de Noël était-ce cependant bien nécessaire ? Quoique je me dise que j’aurai été malheureux de ne pas le faire, je pense aussi parfois que là, trop c’est trop !

Merci Eugénie pour la photo : je n’avais encore jamais conduit de tracteur de ma vie :-)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire