Mercredi 26 janvier, 11h38. Les élèves sont arrivés dans le centre d’examen situé à Lognes, en Seine-et-Marne. Plus que 95 minutes à attendre. Quelques pas pour dégourdir les jambes après un voyage sans encombres.
12h30. Il bruine toujours. Pour baisser l’appréhension qui monte, deux élèves entament une danse au son de l’autoradio.
Je discute longuement avec une élève de la p15, aujourd’hui ASVP à cheval dans une commune du Val de Marne. Elle est contente de m’avoir retrouvé : « Un photographe accroupi, un groupe de jeunes, ça ne pouvait être que toi ! ».
Je ne l’ai pas vue depuis près de deux ans. Elle est nettement plus tendue que les élèves de la p18. L’enjeu d’un emploi durable et mieux rémunéré y est pour beaucoup : « Je suis contente que tu sois là pour discuter, j’aurai vraiment stressé d’être seule ! ». Sur le tableau de bord de sa voiture, un livre pour préparer le concours ...
13h00. Val Maubuée à Lognes, devant le Centrex (le centre des expositions local), près de 2000 candidats s’agglutinent sous la pluie et une certaine fraîcheur. Les élèves de l’école sont de loin les plus jeunes. Je suis étonné du nombre important de personnes d’âge mûr ! Près de 10% des personnes présentes affichent largement plus de 45 ans, voire plus de 50 ans. Enormément d’hommes aussi, près de 70% du public.
13h05. La tension point sur certains visages, les sourires commencent à disparaître. Jusqu’ici, le nombre de candidats n’était qu’une donnée chiffrée sur une convocation. Là, maintenant, le chiffre prend corps et montre la difficulté du concours.
13h11. Dans la foule, je retrouve des élèves des promotions précédentes : Marie et Mylène de la p14, Blandine et Mathilde de la p15, Doris de la p16, Elise de la p17 … Le monde est petit : il y a 2000 personnes et pourtant, je parviens à les croiser.
Les visages de tous commencent à se tendre, les lèvres à se fermer. Je me rends compte de l’atout qu’ont les élèves à venir ensemble, à rester groupés. Le nombre de candidats, l’enjeu, la solitude sont autant de facteurs de stress qui s’additionnent et jouent en défaveur des candidats solitaires.
13h15. Les portes du Centrex s’ouvrent. Deux vigiles filtrent les entrées : “Votre pièce d’identité, s’il vous plaît ! » … Les candidats se dirigent vers la salle qui leur a été affectée. Il y en a dix au total.
J’essaye de détendre les élèves qui font la queue pour entrer dans le bâtiment. Je joue les paparazzi. Dans une des files qui s’est formée, à voix haute, je pose la main sur l’épaule des élèves : « Toi, c’est bon, tu l’auras ! ». Aux autres candidats, je dis : « Vous, non ! ». Au milieu des élèves, une femme de 35 ans. Je la regarde, hésite un peu, puis je dis : « Vous c’est bon, d’ailleurs il en faut 195 ! ». Ça fait rire les élèves. La femme sourit. J’ai éloigné un peu de tension. Je ne serai pas venu là pour rien.
13h26. Tous les élèves sont maintenant rentrés, mais il reste encore plusieurs centaines de candidats à contrôler. Les premiers ont déjà découvert leur place dans de grandes salles où ils sont environ 180. Une table, une chaise, des examinateurs. Les candidats sont maintenant vraiment seuls.
13h44. Dehors, l’allée est redevenue déserte. En cherchant un distributeur bancaire, je trouve un panneau "Police municipale". Derrière ces vitres sombres, de l’autre côté de l’avenue, ils sont là. Je ne peux plus rien pour les aider. Plus personne ne peut rien. Les élèves ont entre leurs mains les instruments de leur réussite. Pourvu qu’ils les aient bien (ap)pris !
La tension monte un peu en moi : quelque part, ils sont devenus mes enfants. J’aimerai tant voir leur réussite !
14h01. Distribution des sujets dans la salle 5. Alea jacta est ! Les candidats se penchent sur leur copie : le contrôle dans une rue commerciale très fréquentée d’un individu promenant un Rottweiler sans laisse ni muselière. Un sujet très intéressant dans la mesure où il oblige le candidat à réfléchir sur la conduite à tenir dans un tel cas de figure quand il sera en fonction demain sur la voie publique, en le laissant maître de la décision : informer ou interpeller ?
14h05. Je rentre dans la cafétéria qui jouxte le centre d'examen. Une quinzaine de tables avec autant de personnes. Toutes sont dans l’attente d’un époux, d’une relation, d’un enfant qui est venu passer l’examen. Certains viennent de très loin, en voiture ou en train, du Var, de Bretagne ou des Pyrénées (un candidat est venu de La Réunion !).
La fatigue assaille la moitié des personnes présentes. Certains s’endorment. Reste à espérer que le candidat accompagné n’ait pas aussi vite piqué du nez. Quoique … Si, finalement, c’est à espérer. Ça donne une chance de plus aux élèves !
D’autres lisent. Ou parlent ... de PM ! Toutes ces personnes sont persuadées que la personne qu’ils accompagnent va réussir. Un homme dit : « Ma fille a eu le bac haut la main, alors rédiger un rapport, vous savez, ça n’est pas un souci pour elle ! ». Je souris. Visiblement, il va manquer des données dans les masques ! :-)
Je sors mon habituel petit carnet à la couverture de cuir et je commence à rédiger le billet que je posterai dans la nuit sur le blog.
Ah la dure réalité des examens ! confronté à tant de monde qui vient passer le concours, cela peut en effet faire peur. Mais bon le élèves ont été bien préparé alors tout est possible! En tant que parent on y croit aussi très fort, pour certains c'est leur avenir professionnel qui se joue.
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