Voilà, les élèves sont maintenant à J-3 du concours, étape essentielle pour bon nombre d’entre eux puisqu’elle conditionne leur emploi de demain et leur vie pour au moins les dix à quinze ans à venir.
Peu de gens ont dans la vie de telles échéances. Quoique j’aie tout partagé avec les élèves, je ne sais pas dans quel état d’esprit on peut se trouver. Certes j’ai préparé le concours comme les élèves, j’ai travaillé et appris les leçons comme les élèves et je peux écrire que je me sens prêt pour ce concours. Sauf que pour moi … ça n’a strictement aucune incidence sur ma vie de demain que je le réussisse ou que j’échoue. Aussi ai-je travaillé sans aucune pression. Sans compter que je ne saurai même pas si j’étais capable de réussir puisqu’une concordance de date dans mon calendrier professionnel m’empêchait d’être disponible le 26 janvier, ce qui fait que j’ai annulé mon inscription en décembre. :-(
En région parisienne, le nombre de candidats est de 4077 pour 195 places. Le ratio final est peu élevé : 4,78%. Il est encore plus faible en Bretagne avec 4,4%. Même si l’on prend en compte qu’un tiers des candidats en région parisienne viennent en touristes ou sont mal préparés, le ratio reste de 7,17%. Et plusieurs centaines de candidats sont bien préparés, notamment ceux qui sont déjà en poste (ASVP, gendarmes, policiers nationaux). C’est donc un concours d’un niveau élevé, que les lauréats pourront être fiers d’avoir décroché.
A l’école, ils sont 30 à le passer. Il n’y a jamais eu autant de participation. Si je rajoute les 25 élèves issus des promotions 14, 15, 16 et 17 qui le passent ou le repassent, cela donne donc près d’une soixantaine d’élèves de l’école en lice. Au début de l’année, j’estimais que plus d’une vingtaine d’élèves de la p18 étaient capables de réussir. Aujourd’hui, j’ai presque divisé ce nombre par deux. A mon immense regret.
Pourquoi ce constat négatif ? Parce que je pense qu’un nombre important d’élèves n’a pas tout donné. Une élève m’a écrit : « Pourquoi être négatif ? On ne peut rien dire tant qu’on ne connaît pas les résultats. ». Certes, elle a raison. Mais une fois que l’on connaîtra les résultats, il sera trop tard pour corriger le tir !
Ensuite, un concours reste un concours. On ne sait jamais le niveau des autres et il y a une nécessité absolue à tout donner. Et cette année, le niveau va être encore plus élevé. D’une part parce que c’est une constante depuis plusieurs années. Ensuite, parce que j’ai discuté au cours des derniers jours avec des élèves des promotions 14, 15 et 16 et je me suis rendu compte que certains élèves, aujourd’hui en poste en police municipale en tant qu’ASVP, ont un niveau de préparation particulièrement élevé. Beaucoup plus élevé que la plupart des élèves de la p18 ! Les questions que m’ont posé ces anciens élèves m’ont parfois étonné par leur finesse d’analyse. Si la moitié de ces anciens élèves réussissent, cela donnerait un taux de réussite (appliqué à cet échantillon) de 50%. Et si ne serait-ce que 10 des 30 élèves de la p18 réussissaient, ce taux serait de 33%. A comparer au ratio moyen de 4,78%, il n’y a pas photo !
Sur la ligne de départ, les élèves de l’école représentent 1,11% des candidats et peuvent représenter, hypothèse basse, 8,73 % des lauréats. En résumé, un passage par l’école permet de multiplier par au moins 9 le taux de réussite à ce concours … d’Etat. Pour une école dont le diplôme n’est pas encore reconnu … par l’Etat, c’est assez paradoxal !
Si tel était le résultat final, il n’y aurait pas de quoi rougir de ces chiffres. Mais étant exigeant, j’aurai aimé aujourd’hui pouvoir tabler sur une hypothèse haute, à savoir 20 élèves de la p18 dans le carré final. Ce qui aurait donné 13,1% des lauréats issus de l’école. Si ce n’est pas le cas, alors oui, je considère que c’est du gâchis.
Il y a maintenant dix jours, j’ai poussé un coup de gueule envers les élèves, parce que j’aurai bien aimé écrire dans mon ouvrage final que cette p18 avait obtenu un résultat global proche de 70% à ce concours de gardien de police municipale. Mon appel n’avait que pour volonté de resserrer les rangs, de redynamiser les troupes et de rajouter un peu d’engagement là où il me semblait apparaître la lassitude.
Dix jours plus tard, je constate avec effroi que je me suis trompé. Que là où j’ai appelé à la cohésion, il y a de la division. J’en suis particulièrement affecté. A deux niveaux. D’une part parce que je n’aime pas me tromper. Secundo, parce que ça a une incidence directe sur mon travail. Un collègue m’a écrit : « Ce que tu décris, c’est au final du classique, mais que ça impacte ton taff … :-/ » …
Parce que jusqu’au jeudi 13 janvier, mon travail n’a presque été que du bonheur. A aucun moment, aucun matin je n’ai eu la moindre hésitation à me rendre à l’école. Mais là, et spécifiquement depuis le mardi 18, la question se pose à moi chaque matin. C’est la première fois de ma vie qu’elle se pose !
Quand des phrases comme « Pourquoi tu lui parles ? » ou « Qu’est ce qu’il fait là, lui ? » sont prononcées, je juge qu’il y a comme un gros souci. Déjà, si ces deux phrases émanaient d’un seul élève, je juge qu’elles posent question. Mais de plusieurs élèves, le mal est déjà plus profond. Quand les lèvres restent soudées, le mal est bien ancré. J’en ressens un profond mal-être, à tel point que jeudi dernier, je n’ai pas su me lever pour faire ce que j’ai fait sans jamais une seule fois me poser la moindre question depuis septembre 2008 : des photos en salle de classe !
J’avais écrit en début de semaine « Ils ont cassé mon rêve ». Bon, des rêves, j’en aurai d’autres, ça n’est au final pas si grave ! Mais que des comportements stupides entravent la marche en avant d’une personne qui n’a jamais refusé quoique ce soit à qui que ce soit dans cette promotion, là, je trouve que c’est un gâchis ahurissant.
Bonjour Mr Birrer, nous sommes plusieurs à avoir suivi c qui se passe depuis quelques temps à l'école et je trouve, en effet, le mot "gachis" tout à fait approprié. Cependant du gachis, parfois il en ressort du bon, souhaitons que certains ou certaines "rebondissent" - quant au concours, certains élévès ont surement bien compris tout l'enjeu de qu'ils ont eu la chanche d apprendre grâce à leur professeur , je leur souhaite à tous "bonne chance" (ps. les résultats sont connus quand?)
RépondreSupprimerCordialement
Pour moi, le mot "gâchis" à une connotation très forte, et j'ai souvent constaté que quand c'est perdu, c'est vraiment perdu !
RépondreSupprimerRebondir ? A J-3, voire quand j'ai réagi à J-13, c'était déjà trop tard. Je sais que des élèves de la p19 lisent ce blog, aussi j'espère qu'ils sauront tirer les enseignements nécessaires. J'espère ... C'est toujours dommage de devoir repasser un concours (et donc perdre un an !) parce qu'on a manqué d'engagement...
Maintenant si vous saviez comme j'espère que dans quatre semaines, quand les résultats seront publiés, je me sois trompé. Et qu'avec le recul je passe pour un vieux râleur ... ! Ce jour-là, je serai content d'être traité de "vieux" !!!
Vieux non certainement pas, il n'y a pas d'âge lorsqu on est passionné! râleur peut-être mais pour moi c'est pas un défaut quand les coups de geule sont mis au service des autres pour une prise de conscience. Je croise moi aussi les doigts pour les élèves de la promotion 18 qu'il puisse atteindre ce qu'ils sont venus chercher malgré tout.
RépondreSupprimercoucou Thierry =)
RépondreSupprimerVoilà maintenant 1 ans que j'ai passé le concours à Paris et que je l'ai obtenu. Je me dit en lisant tes textes (fort bien écrits) que la P18 et 19 ne se rend vraiment pas compte de la chance qu'ils ont d'avoir des professeurs compétents, un directeur qui les pousse à la réussite, et des moyens à disposition pour réussir leurs examens.
Aujourd'hui j'ai réussit mon rêve. C'est à dire avoir en poste en Alsace, proche de ma famille, de mes amis, de mes chevaux. Je suis en FIA a Lingolsheim jusqu'en septembre, je profite pleinement des cours donnés (que nous avons déjà vu à l'école des gardes, je m'ennuie un peu, mais ça fait des bons rappels). Le commune ou j'ai été engagée, va peut-être mettre en place une brigade équestre, pour le moment nous montons le projet. Je me réjouis à l'idée. A voir si le Conseil Municipal est d'accord ...
Voilà pour ma part, j'espère que mon petit mot sera lu par la promotion avant le concours et qu'ils en tiendront vigueur.
En te souhaitent bon courage Thierry.
Bises, Marie (P16), la bras cassée ^^