Patrouille rurale

Patrouille rurale

mardi 18 janvier 2011

Ils ont cassé mon rêve ! (1)

Ce matin, pour la première fois en 232 visites depuis août 2008, je suis allé à l'école sans mon appareil photo. :-(
Je savais que la journée allait être particulière, elle l'a été au delà de ce que j'avais imaginé.

Quand j’ai entamé ce travail en mars 2010 en assistant aux recrutements, j’ai débuté un travail. Un travail comme j’en ai fait tant dans ma vie : avec engagement, avec passion, avec plaisir.
Mais le 5 septembre 2010, lors d’une réunion de prérentrée entre élèves, quelque chose a changé. Je suis tombé amoureux et j’ai fait un rêve !

Ce dimanche-là, j’ai vu des personnes qui m’ont semblé avoir un potentiel, posséder des qualités. Ces personnes m’ont montré quelque chose que j’ai ressenti. Je suis tombé amoureux de cette promotion et j’ai alors fait le rêve, à cause de ce ressenti, que je les aiderai à réussir comme jamais aucune promotion n’avait réussi à ce jour. Et je le leur ai dit.
Alors tout ce que j’ai pensé, tout ce que j’ai dit et tout ce que j’ai fait depuis la rentrée n’a eu que pour but de les aider à réussir.
En aidant l’un d’entre eux, c’est toute la promo que je tirais à chaque fois vers le haut.

En leur réécrivant les cours de soins équins, c’était pour les aider à prendre des notes, c’était pour les aider à apprendre. Ne leur avais-je pas dit qu’avec ce support, ils devaient avoir un minimum de 14 ? Au lieu de cela, certains ont triché !
Ne croyez-vous pas qu’ils m’ont à cet instant, en trichant durant un contrôle, trahi ? Et surtout tiré la promotion vers le bas puisque la suspicion est née dans l'esprit du directeur ?

En remontant en octobre le moral de plusieurs élèves qui souhaitaient démissionner, je tentais d’éviter une fissure dans le groupe, fissure synonyme de division.
En tentant de calmer les éclats d’une élève, j’effaçais des étincelles synonymes de frictions.
En soutenant des élèves dans une marche, je prévenais un ralentissement synonyme de mauvaise note pour le groupe.
Ainsi à chaque moment, j’ai toujours tenté d’agir pour que le groupe soit meilleur, pour que la réussite de l’un entraîne l’autre vers le haut.
Parce que je suis exigeant, je l’ai fait sans compter. Témoin cette marche avec la p19 où au-delà de ma propre douleur (blessure au genou opéré l’an passé), j’ai forcé et aidé une élève de la p18 à porter une élève de la p19, la poussant de ce fait à se dépasser encore plus.

Seulement voilà, plus j’ai agi de la sorte, plus je me suis engagé, plus je suis tombé amoureux, plus mon rêve a grandi.
Alors que s’est il passé jeudi après-midi durant le cours de préparation au concours (cf. le billet "écran noir")?
Eh bien, je me suis retrouvé en quelques minutes dans la peau de l’amoureux trahi, trompé. Je me suis retrouvé dans la peau du gamin qui voit son jouet brisé. J’ai vu mon rêve en miettes !
Cet instant-là, ce fut quand la professeure, après avoir demandé aux élèves "Qui est OK pour le 26 ?" et leur absence totale de réponse, est restée deux secondes, les bras ballants, avant de lâcher, décontenancée, "Eh bien, au moins, comme ça, c’est clair !"
Les élèves ont-ils senti sa détresse dans le regard ?
Les élèves ont-ils senti sa peine ?
Moi, j’ai eu honte !

Avant les vacances, la professeure avait donné cinq sujets pour préparer le concours. Je me suis appliqué à ce que chaque élève les possède bien. Au final, 5 élèves seulement ont rendu au moins un sujet rédigé. Certes, il n’y avait aucune obligation à faire ne serait-ce qu’un seul devoir.
Mais il y avait pour moi l’obligation morale pour tous, par respect pour l’enseignant, d’en faire au moins un. Au moins un chacun !
Quant aux meilleurs d’entre eux ou ceux qui ont déjà un quelque chose, tel un élève avec une probabilité d’emploi à Sens, telle une élève avec un stage intéressant à Chevilly-Larue, telles deux autres élèves avec un stage prestigieux à Bruxelles,
ils avaient pour moi l’obligation morale pour l’engagement de la professeure qui n’a jamais autant donné pour former des élèves,
ils avaient l’obligation morale vis-à-vis du directeur, pour ce qu’il leur a offert et proposé,
ils avaient l’obligation morale vis-à-vis de leurs parents et amis qui payent, supportent et encouragent leur formation de ne pas faire un devoir … mais de faire les cinq !
Sans compter que pour un concours, on n’est jamais assez prêt.
La professeure l’avait dit : « Plus ils en font, plus les automatismes seront acquis, meilleurs ils seront ! »
Moi, j’ajoute : « Moins ils en font, plus mauvais ils seront ! ».
Dans ce concours, il faut viser 16/20 ou 17/20 pour être sûr de réussir. Il faut viser l'excellence, donc s'engager.
Pour rappel, à Paris, 4077 candidats pour 195 places.

Il n’y a rien d’inexplicable, d’incompréhensible à ma réaction comme certains élèves le pensent depuis jeudi.
Oui, jeudi, j’ai été blessé de leur manque d’engagement. J’ai été paniqué parce que mon rêve de voir 15 ou 20 d’entre eux réussir brillamment ce concours s’est effondré !
Et un amour trahi, un rêve brisé, c’est chez moi le cœur qui réagit. Parce que c’est la passion qui m’a fait vivre jusqu’à jeudi dernier 126 des 130 jours qu’il était possible de vivre à leurs côtés, j’ai explosé.
J’ai eu l’utopie de croire que le choc de mon départ servirait à quelque chose. Qu'il y aurait une réflexion, une introspection, une analyse du pourquoi du comment ...
J'ai eu la douloureuse détresse de constater que ce ne fut pas le cas.

Vous qui me lisez, ne croyez pas que je sois parti de gaieté de cœur ! Depuis jeudi 16h00, je vivais dans l’omniprésence de leur absence !
Et j’avais choisi de rendre définitive cette absence. :-(

Mais je ne sais pas être méchant. Puis-je sanctionner quelques éléments du fait du comportement d'un groupe ?
Aussi ai-je préféré offrir aux élèves la possibilité de se "racheter" en leur demandant d’argumenter le fait que je reste.
Et c’est là que mon rêve s’est un peu plus brisé.
C'est là que je suis tombé de très haut, de cette falaise que j'avais moi-même élevée, et qu'en tombant, je viens de me faire très mal. Raison pour laquelle, afin de mieux trouver mes mots (pour ne pas rajouter de maux), je poursuivrai ce billet demain.

Retour de patrouille le 11 janvier :

1 commentaire:

  1. Mon pauvre thierry... ca craint tout ca ! les éléves ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont !!! Et surtout s'ils ont pas la motivation de l'avoir ce concours de PM, c'est qu'ils se sont trompés de voie !
    Cette école, c'est l'école de la vie mais elle n'est pas faite pour créer des chomeurs au contraire ! Les marches ne leur ont pas suffit pour qu'ils comprennent ? Désolé de la vulgarité mais il faudrait peut etre qu'ils se sortent les doigts du cul ! parce que quand on veut on peut !!! La preuve, je l'ai eu ce concours et dieu sait que j'en ai fais des sujets de rapport !!!! Aujourd'hui me voilà en brigade équestre !!!! Je me suis battue et je me suis donnée la peine !!! Bordel mais c'est quoi cette jeunesse ! Mais ou va le monde !

    Tiens le coup thierry !!!
    Bisous

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