Patrouille rurale

Patrouille rurale

lundi 3 janvier 2011

Valse à trois temps

C’est reparti sur les chapeaux de roues ce matin ! La reprise s’est faite en trois temps, ce qui m’a inspiré ce titre et cette présentation.

Acte 1. – Crucifiés !

Réunion des élèves en salle de classe avant le cours de DCP de 09h00.
« Qui veut garder les délégués ? » demande une élève face à ses camarades, en ajoutant : « Sachant que si on les garde, le directeur ne veut plus leur parler ! ».
Pas un bras ne s’élève, pas une voix ne rompt le silence, pas un élève ne s'oppose en faux sur les propos du directeur.
Un timide : « A-t-on le choix ? » se fait entendre. Puis rien. Silence.
« Bon, qui veut se présenter ? » demande l’élève. Silence toujours.
Quelques voix désignent une première élève. Puis une seconde se voit proposer la place alors qu’elle arrive en retard en salle de classe. « On peut m’expliquer ? » demande t’elle interloquée.
A nouveau un vote à main levée. Une douzaine d’élèves n’ont pas bougé.
Deux nouveaux délégués sont entérinés. Le cours de DCP peut commencer.
Soixante-douze secondes, c’est le temps d’une crucifixion.

Soixante-douze secondes, c’est court pour une révolution. Et comme dans toute révolution, il y a du sang qui coule inutilement.
Loin de moi l’idée de prendre partie et vouloir défendre les délégués, mais j’ai toujours été attaché à la forme des actions. Cette crucifixion-révolution me laisse un goût très amer dans la bouche : on a le droit de condamner quelqu’un à mort, mais le condamné a le droit de savoir pourquoi on le condamne et il a aussi le droit de pouvoir se défendre ! Deux points qui ont été oubliés au cours de ces 72 secondes qui m’ont autant laissé sans voix que la grande majorité des élèves.

Je rejoins le manège où se déroule le cours de DCP avec mon petit carnet à la main, histoire de réfléchir au propos que je vais tenir sur le blog le soir même pour raconter cela. Certes, je suis moi-même critique à bien des égards sur l’action des deux délégués, mais leur éviction me semble hors de proportion. Surtout que dans cette école on apprend aux élèves à avoir une riposte mesurée : on ne tire pas au 357 Magnum sur un jeune qui vous insulte du haut d’un immeuble ! Cette crucifixion me semble donc injuste.
Reparti réfléchir en salle de cours, le directeur me fait appeler et me demande des explications sur cette élection. Ne sachant comment lui raconter la chose, je décide de lui lire les 13 premières lignes de ce blog, sous le titre « Crucifiés ! », en lui indiquant que ce sera mon billet du soir.
« Non, mais ça ne va pas la tête ?! ». Choqué, indigné, outré, le directeur convoque tous les élèves pour 11h15 en salle de cours : « Si j’avais pris connaissance de ce billet à 23h00 sur le blog, je peux vous assurer que j’aurais fait revenir tous les élèves dare-dare à l’école et ça aurait chauffé ! ».



Acte 2. – Réhabilités !

Onze heures quinze en salle de cours, pas un élève ne manque à l’appel. Le directeur s’exprime : « Ça ne me regarde pas, vous les avez élus ! Mais là, c’est à moi de gérer ce problème ! Les deux délégués doivent d’abord répondre à vos questions ! Je l’ai dit, oui ou non ? ».
Timidement, mais en chœur, les élèves répondent « Oui monsieur ! ».
« Qu’est ce que c’est que votre élection à la mort moi le paf ?! Je dissous cette élection ! Et maintenant, vous me faites les choses correctement !!! »
Un à un, les 29 élèves sont appelés à donner leurs avis sur chacun des délégués, le directeur s’évertuant à recadrer les propos ou rappeler l’exercice démocratique. Puis les deux délégués sont appelés à se défendre. Un exercice dans lequel ils n’excellent malheureusement pas. Je reconnais qu’il faut un certain engagement pour se défendre face à une salle totalement hostile !



Acte 3. – Déchus !

Au final, le bilan est lourd : 21 voix contre la déléguée et 28 voix contre le délégué. Les deux élus sont donc déchus et de nouvelles élections organisées avec 7 postulantes. Des élections qui voient l’avènement de deux nouvelles déléguées dans un scrutin à deux tours puisqu’il y eut égalité de voix pour le second poste.
Une égalité … alors qu’il y avait 31 votants ? Oui, car il y a bien eu deux votes consécutifs à 14 voix pour deux postulantes. Trois élèves ont donc choisi de ne pas voter deux fois consécutivement. La matinée devait être parcourue d’un vent de folie ce matin-là …
Crucifiés en 72 secondes, déchus en 1h10. La forme a changé, mais pas le fond :-(

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire